Les voisins de Mon Oncle (My Uncle's neighbours)
Je ne sais pas si Jacques Tati, disparu en 1982, est passé par la résidence du Pré-Yvelines, mais monsieur Hulot s’y serait senti à son aise. Certes moins chics que la Villa Arpel du film, les maisons de cette résidence arborent elles aussi de façades anthropomorphiques : les hublots de la maison de Tati laissent la place ici à des carreaux de cartes à jouer. Point de fontaine-poisson facétieuse mais un papillon multicolore qui signale l’entrée de la crèche.
Cet ensemble résidentiel a été créé à la suite du concours lancé en 1969 par Albin Chalandon, ministre du Logement, et fait partie d’un ensemble de 70 000 logements construits à cette époque, les fameuses « Chaladonnettes », maisons bon marché et parfois décriées par leur vieillissement prématuré.
La résidence du Pré-Yvelines, œuvre des architectes Philippe et Martine Deslandes, est probablement l’un des ensemble les mieux conservés. Parfaitement entretenue par la copropriété, les maisons sont regroupées en hameaux et desservies par des sentes piétonnes inondées de parterres fleuris, au tracé tout en courbes si caractéristique de cette décennie. Les espaces communs sont nombreux, les maisons disséminées dans un vaste parc, où aires de jeux et promenades bucoliques se succèdent dans un labyrinthe végétal.
Les voitures sont cachées dans des rotondes en béton, les modèles de maisons sont des Cylindres ou des Pistons, les rues portent des noms de couleurs – la rue Bleue succède à la rue Rouge : tout concourt à créer une atmosphère délicieusement surannée, hors du temps. Monsieur Hulot aurait surement pu y poser ses valises pour de bon.
I don't know if Jacques Tati, who died in 1982, went through the Pré-Yvelines residence, but Mr. Hulot would have felt at home there. Admittedly less chic than the Villa Arpel in the film, the houses of this residence also sport anthropomorphic facades: the portholes of Tati's house give way here to diamond windows. No facetious fountain-fish but a multicolored butterfly that signals the entrance to the nursery school.
This residential complex was created following the competition launched in 1969 by Albin Chalandon, Minister of Housing, and is part of a set of 70,000 dwellings built at that time, the famous "Chaladonnettes", cheap and sometimes criticized houses by their premature ageing.
The Pré-Yvelines residence, designed by the architects Philippe and Martine Deslandes, is probably one of the best-preserved buildings from this period. Perfectly maintained by the condominium, the houses are grouped into hamlets and served by pedestrian paths, all drawn in curves, so characteristic of this decade. The shared spaces are numerous, the houses scattered in a vast park, where play areas and bucolic walks follow one another in a green labyrinth.
The cars are hidden in concrete roundhouses, the types of houses are Cylinders or Pistons, the streets are named after colors – rue Bleue succeeds rue Rouge: everything contributes to creating a deliciously old-fashioned, timeless atmosphere. Monsieur Hulot could surely have settled there for good.
